Visuel Coucher pour ne pas réussir
03.04.23

Coucher pour ne pas réussir

En Chine, la glande s’est hissée au rang de mode de protestation. Né en 2021, le mouvement “tang ping”, littéralement “rester couché”, essaime sur les réseaux sociaux et invite la jeunesse à l’inaction en s’allongeant, tout simplement. Simple lifestyle, vraie contre-culture ou critique à peine masquée du régime?

Pour Guan Zhen*, la sortie des études a ressemblé à un grand saut dans le vide. Un diplôme de marketing en poche, des parents aimants, l’avenir qui lui tend les bras et… plus rien. Un trou noir qu’il a traversé pendant des années d’errement professionnel, sans but ni envie. “J’ai fait trois ou quatre ans de travail de codage, puis trois ou quatre ans dans les ressources humaines. Je n’ai pas aimé. Je n’étais pas bien payé, je travaillais énormément”, rembobine-t-il. Cette crise de vocation, l’absence de projet, il n’est pas le seul à les ressentir. Une bonne moitié de ses potes se retrouvent dans
ce brouillard professionnel. Puis viennent l’année 2020 et le triptyque maudit: Covid, confinement, chômage. Guan Zhen traverse la tempête pandémique chez ses parents dans le quartier résidentiel de Dahuangzhuang, à l’est de Pékin. À 32 ans, il y vit toujours, célibataire et sans enfant. Son avenir, il le voit comme un territoire hostile truffé d’obstacles et d’inconnus. L’an dernier, quand le pays a lentement desserré la vis sanitaire et abandonné les confinements à répétition qui ont frappé Pékin et les grandes villes chinoises, Guan Zhen a envoyé une centaine de CV dans toutes les directions. En retour, il a décroché cinq entretiens, et in fine cinq refus. La concurrence entre diplômés est redoutable dans une Chine où le chômage des jeunes atteint 25 %. “Je n’ose même plus parler de carrière”, gémit-il, lessivé par ses années de bullshit jobs et la compétition effrénée pour décrocher le moindre emploi vaguement conforme à son profil. Il aimerait“faire un truc personnel, qui (lui) parle”.
Oui, mais quoi?

La suite de ce reportage (soit 9796 caractères!) à retrouver dans So good n°12 « Rallumez la flemme » disponible en kiosques ou sur commande :