Où placer la frontière entre l’éthique professionnelle et la dignité de l’être humain? Cette question, François Guillemot se l’est souvent posée. Durant sa carrière, ce gastro-entérologue, aujourd’hui à la retraite, a été confronté à la question de la fin de vie. Plusieurs fois, il a choisi d’y répondre en aidant à mourir les patients qui le demandaient, en toute illégalité. Une situation qui pourrait changer avec la Convention citoyenne et son rapport rendu le 3 avril dernier.
C’est une farandole de souvenirs qui se bousculent dans son esprit. Comment oublier, après tout, les rires étouffés et les pleurs crépusculaires de patients à l’article de la mort? Des moments d’espoir et d’effroi que François Guillemot a emportés avec lui à la retraite et qu’il déroule à qui l’interroge. Depuis 2020, cet ancien médecin de 68ans a remisé sa blouse blanche au placard. Cette blouse, c’est celle qu’il a portée en tant que gastro-entérologue pendant 40ans, d’abord à l’hôpital de Lille, puis à celui de Roubaix. Après une vie professionnelle bien remplie, l’homme semble couler des jours paisibles au sein de son habitat partagé. Le lieu a été aménagé dans une ancienne ferme à Villeneuve-d’Ascq, dans la métropole lilloise, où chacun des dix copropriétaires dispose de sa propre maison flanquée d’un bout de jardin. Un havre de paix et de liberté qui reflète bien la personnalité de FrançoisGuillemot. Sa maison se trouve tout au fond, en lisière du parc du Héron. C’est ici qu’il vit depuis trente ans avec sa femme et que ses trois enfants ont grandi. En cette froide après-midi de janvier, l’ancien médecin reçoit chez lui. Confortablement installé dans son fauteuil au coin du feu, il effectue par intermittence l’illustre mimique de François Mitterrand, la main droite venant caresser de haut en bas sa main gauche posée à plat sur ses jambes. Le signe qu’il est prêt à écouter, mais aussi à raconter.
Dans l’exercice de son métier, cet homme affable à la voix calme et posée a régulièrement été confronté à la question de la fin de vie. Un sujet lourd, dont il parle avec douceur et empathie.
Par Simon Henry
Portrait à découvrir dans le 12ème numéro de So good, disponible en kiosque ou à la commande.