Fondée en 2015 , l’association Chemins d’Avenirs accompagne les jeunes en zone rurale dans la construction de leurs futures études ou emplois. L’objectif est de montrer à ces collégiens-lycéens de la France périphérique l’étendue des possibilités qui s’ouvrent à eux sur le marché du travail.
“Grandir à la campagne, c’est une force incroyable… mais cela emporte une série d’obstacles à surmonter pour vous”, rejoue pleine d’espoir et de recul, Salomé Berlioux, au collège André Boutry, son ancien établissement. Dans ce documentaire “Ici tout est loin”, actuellement disponible sur France.TV, elle vient y présenter l’association qu’elle a fondée : Chemin d’Avenirs.Sur leur site internet, l’association égrène les obstacles en question : Manques de mobilité, d’informations, d’accès à la culture, d’ouverture aux possibilités qui s’offrent à eux, moindre accès au numérique, fracture géographique, mécanisme d’auto-censure, … Tous ces problèmes font échos à ce qu’a vécu Mathilde Jaouen. Du haut de ses 23 ans, cette ex-rurale de l’Hérault n’a pas oublié les difficultés qu’elle a rencontrées à sa majorité, lors de son orientation post-bac : “J’ai découvert que je pouvais postuler à Science Po seulement une semaine avant la fin des inscriptions… j’aurais bien aimé être accompagnée par une association quand j’étais au lycée !”, rigole-t-elle aujourd’hui.
Grâce à Chemins d’Avenirs, un collégien/lycéen peut être suivi pendant 18 mois de sa scolarité par un bénévole choisi par l’association en fonction des envies de l’élève. Dans ce système de tutorat, l’étudiant échange deux heures par mois minimum sur ses envies professionnelles ou académiques. Au bout du chemin: l’ambition d’exploiter davantage son potentiel. Pour autant, cette démarche ne rassasie pas l’association. D’autres leviers d’action ont été mis en place pour ces jeunes: des stages de courte durée pour s’ouvrir de nouveaux horizons, des ateliers, des conférences avec des personnalités, des mallettes/tutos pour réussir ses premiers pas dans le monde sauvage du post-bac (comment trouver un appartement, comment réaliser un CV, …), ou encore des programmes thématiques pour briser les fractures culturelles et sociales avec le monde urbain. Parmi les programmes actuels, “Elles osent !” offre aux jeunes femmes des territoires ruraux de combattre sur deux fronts : territorial et de genre. Comment ? En rencontrant des personnalités inspirantes sur ce thème, ou en débattant autour de la question de l’égalité homme-femme.
Ses nombreux partenariats, notamment celui avec l’Education Nationale, ont permis à l’association de s’étendre sur huit académies et de passer de 100 à 1000 étudiants accompagnés en cinq ans. Dans sa vision utopique, Chemins d’Avenirs rêve d’une égalité des chances entre la France des zones rurales et celle des villes. Le 5 mars 2020, la fondatrice de l’association Salomé Berlioux a envoyé une liste de 25 propositions à Jean-Michel Blanquer pour avancer dans cette direction. Parmi ces propositions, l’intégration de la dimension territoriale dans les démarches d’ouverture sociale des grandes écoles ou la création d’un programme national de mentorat adapté aux territoires éloignés des grandes métropoles. Cela dit, Salomé et Mathilde espèrent une plus forte mobilisation des pouvoirs publics en faveur de cette jeunesse marginalisée de la France périphérique. Comment ? Salomé Berlioux a son idée: “Expérimenter, expérimenter, expérimenter.”.