Visuel Présumé coupable
20.11.24

Présumé coupable

Interroger les excès de nos sociétés contemporaines: voilà l’ambitieuse mission que poursuit depuis quatre ans le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) de Marseille. Chaque lundi à 19h du 18 novembre 2024 au 17 mars 2025 se tiendront les Procès du siècle, des délibérations citoyennes réunissant témoins, spécialistes et pièces à conviction. Thématique de cette quatrième saison? Les utopies concrètes et les nouveaux modèles à inventer pour aller vers un monde meilleur.

Publi-communiqué

Au même moment que se tiendra le procès de l’effondrement mortel de trois immeubles de la rue d’Aubagne au tribunal correctionnel de Marseille, un autre quelque peu particulier s’ouvrira mi- novembre de l’autre côté du Vieux-Port de la ville, au Mucem: le Procès du siècle. À la barre? Journalistes, réalisateurs, avocats, scientifiques, activistes, historiens, citoyens témoins, etc. Au croisement du débat, du théâtre et de l’instruction judiciaire, cet espace de délibérations citoyennes interrogera chaque lundi de novembre à mars dans l’auditorium du Mucem les combats qui agitent nos sociétés et notre monde en crise. Pourquoi avoir choisi le format de procès? “C’est un format dynamique qui renouvelle celui du débat et permet de faire le point sur un sujet avec des interventions d’experts et de témoins, pièces à conviction à l’appui (dont des objets issus de la collection du musée, NDLR). Les séances interrogent les travers et les excès de nos sociétés contemporaines occidentales tels que la discrimination, la surexploitation, la précarisation, etc.”, précise Clémence Levassor, chargée du projet au Mucem. Pour dépasser l’opposition, le jugement ou le débat stérile, l’équipe a opté pour l’invitation de personnalités issues de domaines d’expertise et/ou de générations différents. “Il s’agit de croiser des regards éclairants et des paroles légitimes sur les sujets choisis. Il est fondamental que nos invités ne parlent pas du même endroit, et de faire dialoguer, par exemple, une parole scientifique avec une parole sensible. Ceci afin d’explorer chaque sujet dans sa complexité et ses nuances”, insiste Clémence Levassor.

Modérée par un journaliste devant un public de quelque 300 personnes, chaque séance est rythmée par un dialogue ouvert et bienveillant entre deux invités spécialistes et des plaidoiries de témoins issus du public. Reste que, pour parfaire ce procès, les témoins sont soigneusement coachés par le metteur en scène Grégoire Ingold et la comédienne Fabienne Jullien le samedi précédant la séance au cours de la “Commission d’enquête”, un atelier gratuit de réflexion et de prise de parole ouvert aux curieux et en lien avec la séance. “Ici, la construction du discours croise celle du théâtre. On ‘joue’ à penser, on ‘fait dialoguer’ des points de vue, on ‘incarne’ différents vécus. La Commission d’enquête se veut le lieu d’une pratique collaborative et conviviale pour vivifier notre esprit critique”, souligne la chargée de projet. L’issue du procès? Des résolutions, propositions et engagements pour mieux vivre ensemble. Une manière d’éviter un verdict stricto sensu.

MeToo, l’IA et l’humour

Après trois premières saisons consacrées respectivement à l’urgence environnementale, aux féminismes, genres et minorités, et aux luttes pour les droits humains et pour les droits de la Terre, cette quatrième édition des conférences- spectacles explorera les “utopies” concrètes et réelles et les nouveaux modèles à inventer pour avancer vers plus de démocratie, plus d’écologie, plus de solidarité. L’occasion d’aborder et d’essayer de rire des questions d’éducation, de soin, de numérique, d’économie, d’architecture, d’agriculture, de circulation, de respect, de consentement, d’intelligence artificielle, des arbres et des oiseaux, etc. À chaque séance sa grande interrogation, en commençant le 18 novembre par L’Écologie, un combat de riches?, animée par la journaliste et réalisatrice Paloma Moritz. Du mouvement MeToo aux solutions pour protéger la biodiversité en passant par les dispositifs de démocratie participative, les nouvelles technologies ou l’humour engagé, les autres journalistes modérateurs Rokhaya Diallo, Nora Hamadi, Thomas Legrand, François Saltiel et Anne-Cécile Bras ouvriront le débat lors des audiences suivantes. Autant de thématiques sociétales susceptibles d’être questionnées sous le prisme du droit, éclaire Clémence Levassor. “Le droit, les droits humains, les droits de la terre, sont des outils au service des causes à défendre pour mieux vivre ensemble et mieux habiter ensemble notre planète. Ils façonnent la société, et inversement ils sont le reflet et la concrétisation des évolutions de nos sociétés.” Alors que l’équipe du Mucem veille à enregistrer toutes les séances pour en faire des séries de podcasts diffusés sur le site web du Mucem et les plateformes d’écoute, le dessinateur Benoît Guillaume s’est également amusé à croquer certaines séances. De quoi revivre l’expérience du siècle.

Conférences-spectacles chaque lundi à 19h du 18 novembre 2024 au 17 mars 2025 dans l’auditorium du Mucem. Séances de Commission d’enquête chaque samedi (de 14h à 18h) précédant le procès, dans le fort Saint-Jean du Mucem (séances des 16 novembre et 22 février organisées en partenariat avec l’Après-M).