L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a approuvé, le 2 octobre dernier, un deuxième vaccin contre le paludisme, destiné prioritairement aux enfants. Rien qu’en 2021, sur le seul continent africain, ils étaient plus de 475 000 âgés de moins de cinq ans à mourir de cette maladie.
Le R21/Matrix-M n’est pas le nom d’un robot Star Wars, mais bien celui du nouveau vaccin contre la paludisme, principalement à destination des enfants. Bien qu’il ne soit pas le premier disponible sur le marché, le R21/Matrix-M est plus facile à fabriquer que son homologue le Mosquirix (développé par le laboratoire GlaxoSmithKline) et possède un taux d’efficacité équivalent, tournant autour des 75%.
Mais surtout, l’arrivée de ce deuxième vaccin, qui devrait être produit par le laboratoire Serum Institute Of India, permettrait de venir compléter la forte demande que le Mosquirix ne parvient pas à combler à lui seul, en Afrique. En effet, suite aux succès des programmes pilotes au Ghana, au Malawi et au Kenya où 1,7 millions d’enfants avaient reçu au moins une dose, c’est une vingtaine d’autres pays qui en avaient commandé. Mais seuls 12 avaient pu en obtenir, selon un communiqué de l’OMS, de l’Unicef et de l’organisation internationale Gavi, l’Alliance du Vaccin.
Le rêve de l’OMS réalisé
Développé par des chercheurs du Burkina Faso dans l’unité clinique de Nanoro, en partenariat avec l’université d’Oxford, ce second vaccin représente, pour Kate O’Brien, directrice du département immunisation et vaccins à l’OMS, un « très grand pas en avant. »
Déjà autorisé depuis juillet, par l’agence de réglementation du Burkina Faso, l’approbation de l’OMS vient confirmer un travail de recherche qui dure depuis quatre ans. Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, a fait part de sa joie lors d’une conférence de presse : « En tant que chercheur sur le paludisme, je rêvais du jour où nous disposerions d’un vaccin sûr et efficace contre le paludisme. Maintenant, nous en avons deux.” Pour Halidou Tinto, directeur régional de l’Institut de recherche en sciences de la santé de Nanoro au Burkina Faso, interviewé par RFI, il s’agirait même d’une « petite révolution. »
Un enthousiasme qui s’explique aussi du fait du contexte sanitaire : 96% des personnes mortes du paludisme en 2021 se trouvaient en Afrique et étaient majoritairement des enfants.
Un besoin de 100 millions de doses d’ici à 2030
L’enjeu se trouve donc dans la vaccination, mais aussi le dépistage et la création d’un pôle de recherche et de production de vaccins africain, comme le rappelle, au journal Le Monde, l’épidémiologiste Francine Ntoumi : “Le fossé entre l’offre et la demande de vaccins contre le paludisme montre une fois de plus que l’Afrique est presque entièrement dépendante du Nord pour la recherche et de l’Asie pour la fabrication. C’est le moment pour l’Union africaine (UA) et nos États de retenir les leçons de la crise du Covid-19 et de passer de la parole aux actes en développant urgemment nos capacités de production de vaccins. Venir à bout du paludisme relève d’abord de notre responsabilité.”
Selon Gavi, l’Alliance du vaccin, d’ici à 2026, la demande en vaccins contre le paludisme pourrait atteindre jusqu’à 60 millions de doses par an, et jusqu’à 100 millions de doses d’ici à 2030.
Par Louna Galtier Oriol