Je m’appelle Anton Stolper. Mon grand-père allemand est né le 24 février 1939 en territoire occupé à Breslaw, une ville qui s’appelle aujourd’hui Wroclaw et se trouve en Pologne. Ses premiers souvenirs sont quand lui, son frère et sa mère ont fui la ville sous les bombardements des troupes soviétiques qui avançaient vers Berlin. Ils sont allés s’installer au nord de l’Allemagne, pas loin de Hambourg. Jusqu’à aujourd’hui, il ne supporte pas le goût des champignons. Ça lui rappelle son enfance où seuls les champignons qu’il allait chasser avec son frère pouvaient combler la faim permanente dont ils souffraient. Jeudi dernier, j’étais avec lui et ma grand-mère à Hambourg. Chez eux, il faut faire attention de ne pas claquer les portes et de ne pas faire sauter le bouchon de champagne ou de bière. Ça leur rappelle les bombes. Il faut toujours terminer son assiette et il y a toutes les deux heures une forme de repas. Il ne faut pas avoir faim. J’y étais pour fêter ses 83 ans. Sur la table du salon, le journal du mardi était soigneusement rangé avec sa une : Guerre en Europe ? Quand on s’est réveillé le jour de son anniversaire, la guerre était en Europe. On a fait comme on pouvait pour fêter son jour. Lui aussi. Mais chaque discussion tournait inévitablement autour de l’Ukraine. C’est un taiseux mon grand-père. À part que Poutine est une enflure, je ne sais pas ce qu’il pensait exactement.
Ce que je sais, c’est qu’aujourd’hui, 80 ans après lui, des centaines de milliers d’Européens fuient à nouveau les bombes, les balles et la mort. Des milliers de gamins sont en train de forger leurs premiers souvenirs. Ce ne seront pas des souvenirs de jeu ou de joie. Ce seront des souvenirs de fuite et de peur.
Mon grand-père était déjà désespéré par le Brexit. Le lendemain de la sortie du Royaume-Uni, il avait envoyé ce message : “C’est triste, le rêve d’une Europe unie a beaucoup souffert.” Aujourd’hui, c’est un autre rêve, celui d’une Europe paisible, qui s’écroule. Alors nous ne pouvons qu’espérer que de ce malheur émerge une solidarité européenne généralisée. Faisons tout ce que nous pouvons pour aider ceux qui ont fui. Une élection présidentielle approche. Assurons-nous que la question de l’accueil des victimes innocentes soit centrale dans la campagne. Des initiatives se mettent déjà en place. Sur les réseaux sociaux, les internautes répartis à travers le continent proposent d’accueillir des familles ukrainiennes. Au niveau des frontières, des associations s’activent pour accueillir et assister les réfugiés dans leur exil. Vous trouverez ci-dessous une liste d’associations qui œuvrent et auxquelles vous pouvez apporter votre soutien.
Lorsque je suis parti de Hambourg, c’est un nouveau journal qui était sur la table du salon. Celui-ci avait le titre : “Cette guerre nous concerne tous.”
Comité internationale de la Croix Rouge : https://www.icrc.org/en/donate/ukraine-0
Aide Médicale Caritative France Ukraine : https://www.helloasso.com/don/associations/aide-medicale-caritative-france-ukraine
Women’s Federation for World Peace : https://www.globalgiving.org/projects/rehabilitation-programs-for-ukraine-refugees/
Project Hope : https://secure.projecthope.org/site/SPageNavigator/2022_02_Ukraine_Response_Web_UNR.html&s_subsrc=wb1
Le média Kyiv Independant : https://www.gofundme.com/f/kyivindependent-launch