Les Scouts et Guides de France ont adressé une lettre à la BNP Paribas pour qu’elle clarifie ses investissements dans les énergies fossiles. De quoi mettre quelques bâtons – de pèlerin – dans les roues du plus gros financeur d’hydrocarbure d’Europe.
Loin de rester camper à leurs uniformes kaki et leurs bermudas, les Scouts et Guides de France viennent de rentrer dans l’arène climatique. Pas besoin d’un quelconque couteau suisse, bâton de pèlerin ou pierre à feu pour cela, seulement d’une poignée de mots tranchants et aiguisés. La principale association de scoutisme de France a en effet adressé une lettre à la BNP Paribas. Le média en ligne Vert a pu la consulter, et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est salé.
Cathofluenceurs
Le sujet de cette lettre ? Les soutiens aux énergies fossiles de la BNP Paribas. La banque possède en effet des investissements dans le gaz, le pétrole et le charbon. Des énergies très carbonées que l’association juge “incompatibles avec la préservation d’un monde vivable”. Les Scouts de France exhortent ainsi l’une des plus grosses banques d’Europe à clarifier ses engagements. Quentin Chaix, délégué national, explique que l’association est “soucieuse de la transition écologique” et que des bénévoles les “questionnent sur la cohérence du partenaire bancaire.”
Au total, les Scouts et Guides de France réunissent plus de 100 000 adhérentes et adhérents, de quoi se présenter comme l’une des plus grandes “associations d’éducation populaire” du pays. Une transition favorisée par les mots du Pape François sur l’écologie il y a 8 ans. Elle s’est ainsi engagée à réduire, d’ici 2025, près d’un quart de ses émissions de gaz à effet de serre, notamment avec une alimentation plus végétale, locale et de saison.
20 milliards dans l’industrie fossile
Les engagements de l’association ne semblent pas alignés avec ceux de la banque, dont 20 milliards d’euros ont été fléchés vers des projets fossiles en 2022, soit 22% de plus que l’année précédente. Première banque d’Europe à soutenir cette industrie, les investissements de la BNP sont comparables à ceux des entreprises pétrolières Shell ou British Petroleum.
Si dans un premier temps l’association de scoutisme précise qu’elle a songé à changer de banque, sa gestion actuelle serait en l’état “trop complexe” pour le faire. Mais les Scouts et Guides de France précisent que leurs placements financiers sont désormais fléchés de façon privilégiée vers des banques plus mutualistes, comme le Crédit Coopératif ou la Banque postale. Reste à voir si la lettre pourrait changer quelque chose, l’association ajoutant qu’elle ne veut pas faire le buzz, mais dialoguer. Quant au directeur de l’engagement de la BNP, Antoine Sire, il estime quant à lui la demande parfaitement normale, précisant au passage que sa banque est celle qui sort le plus rapidement des énergies fossiles.
Par Louna Galtier Oriol.