Créée par l’organisation Zero Waste France, la Maison du zéro déchet, dans le 12ème arrondissement de Paris, vise à former citoyens et professionnels aux pratiques du zéro déchet. Manon Cuillé, directrice du lieu, nous raconte l’histoire de cette pratique qui prend du galon.
Pour ceux qui ne connaissent pas, d’où vient ce concept du ‘zéro déchet’ ?
C’est assez récent. En 2014, Zero Waste France lance le mouvement en France auprès des acteurs de la société. L’idée était de faire connaître les enjeux liés à la gestion des déchets mais également tous les impacts liés aux modes de production et de consommation, à l’extraction des matières premières, au transport des marchandises. Face à tous ces enjeux, il fallait montrer aux entreprises, citoyens et décideurs politiques toutes les solutions déjà existantes.
Y a-t-il une évolution dans cette pratique depuis 2014 ?
Le concept et le mouvement se sont démocratisés. De plus en plus de particuliers font attention à leur consommation, achètent en vrac ou consigné, réduisent l’achat d’objets neufs. Grâce à la Maison du zéro déchet, un lieu permanent depuis 2017, la communauté venant s’équiper dans notre boutique grandit. On propose de plus en plus de produits alternatifs aux objets à usage unique.
Des personnes viennent aussi seulement pour s’informer sur le sujet. On organise des conférences, des ateliers pratiques, des tables rondes, des projections/débats pour sensibiliser sur le sujet. Il y a aussi des avancées politiques sur la question du zéro déchet, comme la direction européenne qui prévoit l’interdiction des plastiques à usage unique (pailles, touillettes de café). Malgré tout, ça n’avance pas du tout assez vite à ce niveau.
Vous faîtes quoi, pour ce 5 juin, la journée mondiale de l’environnement ?
On organise une balade urbaine dans le 12ème arrondissement pour faire découvrir tous les lieux et les initiatives du quartier œuvrant pour la réduction des déchets. On va par exemple passer dans une ressourcerie appelée la Petite Roquette, présenter aussi un composteur de quartier ou le restaurant Terre, qui propose des repas à emporter dans des contenants consignés.
Quels sont vos futurs projets ?
On va bientôt développer un programme pour former des professionnels, des salariés d’entreprise à devenir des référents zéros déchets au sein de leur organisation. Pour qu’ils portent des projets en interne, comme supprimer les emballages jetables, améliorer la politique d’achat, réduire le gaspillage alimentaire bien évidemment ou mettre en place un lieu de compostage pour les déchets alimentaires. Cette formation commencera d’ici la rentrée prochaine.
Quels conseils donneriez-vous pour passer à l’action quand on est non initié ?
Ça dépend vraiment de chaque personne, de ce qu’elle serait prête à faire pour démarrer le processus. Mais voici quelques actions qui ont le plus d’impact : éviter au maximum les emballages jetables, majoritairement en plastique et très mal recyclés, trouver des alternatives aux emballages jetables, donc aller dans des épiceries de vrac, apporter ses contenants quand on va faire ses courses aux marchés ou dans les commerces de proximité.
Et pour les personnes plus avancées sur le sujet ?
Trouver une solution pour composter les biodéchets, qui représentent un tiers du poids de nos poubelles. Tous ces déchets pourraient pourtant produire du composte ou du biogaz s’ils étaient méthanisés. D’ici 2024, le tri de ces biodéchets sera obligatoire. En attendant, vous pouvez vous équiper d’un lombricomposteur quand vous habitez en appartement, ou juste mettre en place un composteur en pied d’immeuble. Il faut se renseigner auprès de sa mairie ou de sa copropriété.
Quel est le message derrière la Maison du zéro déchet ?
Que c’est accessible à tous et pour tous. On sait que cela peut faire peur d’entendre ‘Zéro déchet’. Chez nous, nous avons deux messages : tous les acteurs de la société, pas que le citoyen consommateur, ont un rôle à jouer et faire comprendre aux entreprises que le ‘zéro déchet’ ne signifie pas ‘plus aucun déchet’. C’est un objectif, une démarche continue tendant vers la réduction du gaspillage sous toutes ses formes. Donc il n’y a aucune raison d’avoir peur !