Tous les ans, le festival Villes des Musiques du Monde prend place à Paris et ses alentours. Surtout ses alentours. L’édition 2023, organisée du 13 octobre au 12 novembre, propose ainsi plus d’une vingtaine de concerts dans 17 endroits différents, dont 14 en Seine-Saint-Denis.
C’est la marotte du festival Villes des Musiques du Monde : à chaque édition, un instrument mis en avant. Pour cette 27e année, place à l’accordéon, histoire de faire valser les préjugés sur sa soi-disante ringardise. Giulia De Vecchi, programmatrice du festival, défend ce choix en soulignant l’importance de sa place aussi bien en Europe qu’en Amérique du Nord et du Sud ou en Asie. Et d’ajouter : “C’est un instrument qui se réinvente sans cesse, ce qui est le principe même de la culture”.
Un lien musical entre tous les corps et les coeurs
Bondy, La Courneuve, Aubervilliers, Gennevilliers… Pas moins de seize villes sont mobilisées pour accueillir les concerts, toutes en Seine-Saint-Denis à l’exception de Paris. Pour Giulia De Vecchi, l’idée est de montrer “la richesse du 93”, département qui a trop souvent et injustement mauvaise presse. Au-delà de la simple tenue de concerts, l’objectif de l’événement est de faire littéralement circuler la musique. Les artistes invité.e.s organisent ainsi des ateliers dans les centres sociaux ou encore les écoles. Un exemple ? Des ateliers de danses tsiganes par Nuria Rovira Salat, à Epinay-sur-Seine. “L’intérêt est de montrer que ces musiques ne parlent pas qu’à une communauté, mais à tout le monde car on n’est pas si différent.e.s : on est toustes animé.e.s par les mêmes choses”, commente la programmatrice.
Susciter de la surprise, diffuser la culture hors des salles de concerts classiques et faire découvrir évidemment de nouveaux.elles artistes, voilà ce que dit préférer Giulia De Vecchi dans son métier. Métier rendu plus compliqué cette année du fait du contexte géopolitique actuel. Des artistes malien.ne.s, burkinabais.e.s et béninois.e.s notamment, n’ont ainsi pas réussi à obtenir leurs visas pour venir jouer. Le festival est néanmoins parvenu à boucler sa programmation comme il l’entendait : de la cumbia-rap, aux bals électroniques en passant par le funana et le forró. “Le but est d’expérimenter des émotions fortes, favoriser l’étonnement, précise Giulia De Vecchi. Toute cette créativité et cette inventivité partagées donnent de l’énergie à tous pour transformer les choses.”
Le retour en force du bal
Parmi tous les spectacles proposés cette année, sa programmatrice recommande notamment ce que le festival appelle les bals organisés, “où les jeunes artistes se réapproprient les traditions musicales pour en faire autre chose, une réinvention assez géniale”. Elle pense, ici, au techni bal du groupe Les Zéoles ou au Mange Bal, des concerts où l’électro et la musique roots font des jolis pas de deux. Un autre bal qu’elle recommande chaudement est le bal Rital d’Italie du Sud, le 11 novembre prochain. “L’un des temps forts du festival”, insiste-t-elle, au même titre que le bal à Béné, le bal kréyòl d’Elise ou le bal Forro brésilien. Alors si vous voulez groover sur de nouvelles mélodies, chaussez vos plus beaux souliers et n’ayez pas peur de rentrer après minuit.
Festival Villes des Musiques du Monde, jusqu’au 12 novembre 2023.