Elle nous semble décidément particulièrement proche cette guerre. Sans doute parce que, géographiquement, elle se déroule aux portes de l’Europe. Sûrement aussi parce qu’elle nous rappelle les pires périodes de notre histoire. On en prend pour preuve la rapidité avec laquelle près de 11 000 logements ont été trouvés pour accueillir des réfugiés ukrainiens. On ne peut s’empêcher de regretter que le même élan de solidarité n’ait pas eu lieu pour accueillir d’autres réfugiés venus d’autres contrées plus lointaines.
Mais, au-delà de l’horreur sur le terrain, cette guerre nous touche aussi autant, parce qu’elle a déjà des impacts très concrets dans nos vies, et notamment sur le plan économique. À cause de l’invasion de l’Ukraine, une vague de sanctions s’est abattue sur la Russie et de grands projets comme le pipeline Nord Stream 2 ont été interrompus. Les Américains et les Britanniques ont annoncé qu’ils interdisent les importations de gaz et de pétrole russe. N’oublions pas que le budget russe dépend à 35% des exportations de ces hydrocarbures. Quand on se rend aujourd’hui à la station-essence et qu’on remarque que les prix du gazole ainsi que de l’essence ont dépassé les 2 € le litre, on réalise que cette guerre est vraiment très proche.
Et comme toujours, les Français ne vivent pas tous cette situation de manière équitable. Pour ceux qui ont la chance de pouvoir vivre à Paris ou dans une grande ville et qui n’ont pas besoin d’avoir recours à la voiture, l’impact est moindre. Le vélo ne coûte pas grand-chose en essence. Mais il est plus facile de se déplacer à vélo entre deux rendez-vous à deux kilomètres l’un de l’autre qu’entre villages en milieu rural. Et quand on est isolé, on a deux choix, faire un peu plus de route pour trouver une station essence affiliée à une grande multinationale pétrolière, ou, s’il existe encore, on roule moins loin pour aller faire le plein chez le pompiste local qui sera un peu plus cher. Quand les prix augmentent, ce sont donc ces personnes, souvent parmi les catégories sociales les plus précaires, qui souffrent le plus. Heureusement qu’il existe encore des personnes comme Jérémy Godet, propriétaire d’une petite station-service indépendante en Vendée qui a décidé de vendre son essence à prix coûtant. Vous pouvez découvrir son histoire dans cet article du Monde.