Créée en 2018, la newsletter Les Petites Glo propose aux ados engagé·e·s un regard et un décryptage de l’actualité culturelle et féministe. Depuis le 6 avril et jusqu’au 18 mai, les Petites Glo lancent la Masterclass, une formation à l’activisme en 7 newsletters. Chloé Thibaud, rédactrice en chef depuis janvier 2020, nous explique son déroulé.
Pourquoi le nom Les Petites Glo ?
C’est la déclinaison pour les 12-25 ans de la newsletter Les Glorieuses, fondée et écrite par Rebecca Amsellem. Les Petites Glo est la première newsletter féministe et culturelle à destination des adolescent.e.s. L’idée originelle de Rebecca, qui est aussi la mienne aujourd’hui, était de fabriquer le contenu que nous – trentenaires – aurions aimé lire et découvrir quand nous étions ados. Tous les thèmes pouvant concerner les collégien.ne.s, lycéen.ne.s et étudiant.e.s d’aujourd’hui sont abordés : le sexisme, le harcèlement de rue, le cyberharcèlement, l’homophobie, la transphobie, la grossophobie, l’écologie, l’écoféminisme… Des longs entretiens avec des personnalités telles que Pomme, Hoshi ou Amika George, Camille Etienne sont ponctuellement proposés. Et, dans nos recommandations en fin de newsletter, on fait la part belle aux actualités culturelles. Notre fil rouge, c’est de donner les clés pour réussir à changer le monde sans pouvoir ni argent.
Et parmi ces clés, il y a donc la Masterclass depuis le 6 avril dernier.
Oui, ça se déroulera en sept épisodes, envoyés chaque mardi directement dans la boîte mail des inscrit.e.s. L’idée est d’apprendre à mener une action, monter un projet engagé, pas à pas, comme l’installation d’un distributeur de protections périodiques au sein de son établissement scolaire, le lancement d’un club féministe dans sa ville ou une manifestation contre le sexisme. Pour les accompagner, je reçois l’aide de femmes qui se démènent déjà pour faire bouger les lignes, notamment Caroline de Haas, fondatrice du collectif “Nous Toutes“, mais aussi Shanley Clemot MacLaren qui a lancé le mouvement “Stop Fisha“ ou encore Gitanjali Rao, ma première invitée, une scientifique et innovatrice de 15 ans élue “Enfant de l’année“ en 2020 par le Time. Les abonné.e.s des Petites Glo reçoivent d’office la Masterclass, mais il est possible de s’inscrire directement et seulement à cette newsletter-ci.
Que pensez-vous de l’engagement des jeunes en France et dans le monde à l’heure actuelle ?
Je suis vraiment impressionnée par leur engagement, en 2021. Je n’ai que 30 ans mais cela me permet déjà de mesurer l’écart entre ma génération et la leur, et je constate que les ados d’aujourd’hui sont plus investi.e.s. que je l’étais. J’interviewe des filles qui, dès l’âge de 12 ans, se battent pour faire installer des distributeurs de protections périodiques gratuits dans leur collège ou contre des règlements intérieurs sexistes, c’est admirable. A leur âge, je ne disais rien, je laissais faire. Pire, je n’avais pas conscience de ce qui clochait – notamment parce que les médias, la pub et la pop culture n’en parlaient pas ou très peu. Pour le premier épisode de la Masterclass, je me suis longuement entretenue avec Gitanjali Rao dont l’engagement a débuté dès ses 10 ans environ. Elle est d’origine indo-américaine et incarne l’image d’une génération qui n’en peut plus des stéréotypes de genre. Comme elle me le racontait, elle a grandi avec le cliché du scientifique comme le vieil homme blanc. Elle, à 15 ans, a été élue “Enfant de l’année“ par le Time, a déjà inventé des outils révolutionnaires pour évaluer la qualité de l’eau ou lutter contre le harcèlement en ligne. Elle est une vraie source d’inspiration pour les personnes de son âge (et les plus vieilles, bien sûr), tout comme Greta Thunberg, que je ne présente plus évidemment.
Selon vous, quelle est l’importance de lancer cette newsletter maintenant ?
Nous affrontons une situation inédite – les confinements à répétition, le couvre-feu – qui place les plus jeunes dans un contexte terriblement anxiogène et limitant. Nous l’avons malheureusement constaté, depuis la rentrée dernière, les étudiant.e.s craquent, tombent dans la dépression et passent parfois à l’acte face à leurs idées noires. De cette crise naît un désir encore plus fort de ne pas rester inactifs, d’agir. Lors du premier déconfinement, j’avais écrit une newsletter intitulée “Votre monde d’après“, dans laquelle je donnais la parole aux Petites Glo. Beaucoup de lectrices voulaient s’investir davantage dans des causes écologistes, dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles… Car c’est justement maintenant, en pleine crise, qu’il faut revoir nos modes de fonctionnement, questionner nos habitudes, nos préjugés, notre façon de voir la société. Et les jeunes le font, beaucoup. Ils sont lassés de voir que rien ne change et veulent incarner ce changement directement. D’où notre envie de lancer la Masterclass, pour répondre à leurs demandes fréquentes concernant les moyens d’action possibles quand on est ado, dans sa chambre, et qu’on n’a “rien d’autre“ que ses tripes et son besoin de révolution.
Derrière cette newsletter, quel est le message positif des Glorieuses ?
Les Glorieuses et les Petites Glo sont des communautés où les lectrices et lecteurs partagent des valeurs communes et l’envie de rendre plus juste le monde qui les entoure. Aujourd’hui, Gloria Media compte près de 200.000 abonné.e.s toutes newsletters confondues. Entre les Glorieuses, Les Petites Glo, Économie ou Impact, notre newsletter politique, il y en a forcément une qui vous intéressera ou intéressera une personne de votre entourage. Tout ne tient qu’à un clic, et c’est gratuit !