Les voitures de sport ont un problème. Non pas tout à fait, en fait elles n’ont que des problèmes. Elles sont chères, elles polluent beaucoup plus qu’une voiture moyenne, font des bruits insupportables et surtout sont la plupart du temps pilotées par des gens encore plus insupportables, atteintes d’une mystérieuse maladie dont le symptôme principal est la soudaine transformation du pied droit en instrument mécanique binaire à partir du moment où ils sont assis derrière le volant d’une voiture. Le pied est soit au plancher, soit sur le frein, au plus grand bonheur de nos tympans.
Mais elles ont encore un autre gros problème. Pour des raisons qui nous échappent, les entreprises qui les fabriquent se sont toujours débrouillées pour ne pas devoir respecter les normes d’émissions. Les lobbyistes au Parlement européen réussissent depuis des années à glisser des amendements dans les textes de loi qui prévoient des exceptions pour les petits producteurs de voitures qui produisent moins de 10 000 unités par an. Au Royaume-Uni, un groupe d’assurance a compilé une liste des marques de voitures les plus polluantes en 2020. Sept du top dix sont des entreprises qui produisent moins de 10 000 unités par an comme Ferrari, Lamborghini, Rolls-Royce, Aston Martin etc… Surprenant.
Malheureusement, elles se sont encore débrouillées la semaine dernière grâce aux merveilleux travail de leurs lobbyistes au Parlement européen pour s’offrir un amendement dans le dernier texte de loi, concernant les émissions des nouvelles voitures. Si elles seront bien obligées à partir de 2036 de n’avoir que des moteurs électriques dans leurs voitures, elles ne devront pas – si la motion est approuvée par le conseil des ministres de l’Union Européenne – se plier à la réduction progressive à partir de 2030.
Ferrari par exemple avance l’argument que c’est une petite entreprise indépendante qui aurait du mal à transformer toutes ses voitures en électriques d’ici 2030. Une entreprise au 4,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’année dernière, mais tout de même petite et indépendante… Quant à Lamborghini, qui appartient au groupe Volkswagen, laissez tomber… pas besoin d’en dire plus.
En réalité, c’est tout de même une chouette nouvelle ! Les grands fabricants d’automobiles devraient, sauf catastrophe au conseil des ministres, prévoir de ne vendre que des véhicules électriques dans un peu plus de 10 ans. Et sachant qu’une voiture électrique n’est qu’aussi verte que la source de l’électricité avec laquelle on la remplit, on a le plaisir d’annoncer que la France a enfin produit de l’électricité à partir d’éoliennes offshore installées dans le parc maritime de Saint-Nazaire. On progresse !