Le parquet fédéral ouvre une enquête sur la banque Banco do Brasil au sujet de sa implication dans l’esclavage. Issue d’une pétition de plusieurs universitaires, c’est une première dans l’histoire du Brésil.
Avec près de 400 milliards d’euros d’actifs, la banque, Banco do Brasil, fait partie des plus grosses institutions financières du pays. Mais cette richesse pose question, et en particulier ses origines. C’est pourquoi quatorze historiens ont lancé une pétition pour éclaircir les liens entre la fortune de ladite banque et l’histoire de l’esclavage. Une enquête qui pourrait mener à des réparations, notamment financières.
Une abolition tardive de l’esclavage
Créée en 1808 par la monarchie portugaise, la banque brésilienne aurait amassé de l’argent notamment en taxant les navires négriers, mais aussi en accordant de généreux crédits à des trafiquants d’esclaves. Par la suite, dans les années 1850, le principal actionnaire de la banque ne sera autre que José Bernardino de Sá, un homme ayant vendu au Brésil aux alentours de 19 000 Africains.
Des événements qui viennent s’ajouter à l’histoire de l’esclavage du Brésil, plus vaste encore. Au total, le pays aurait reçu aux alentours de 5 millions d’esclaves africains, le plus grand nombre de toutes les Amériques. C’est seulement en 1888 que le Brésil abolira l’esclavage, dernier pays du continent américain à le faire.
Des réparations attendues
Cette nouvelle page de l’histoire, une première pour le pays, constitue pour les associations de descendants d’esclaves “le début d’un vaste processus historique”. Ils espèrent obtenir des réparations concrètes comme l’investissement dans des écoles ou des hôpitaux qui améliorent la vie des noirs du pays. Pour les activistes, il serait insuffisant de se limiter aux seuls financements de projets universitaires portant sur l’esclavage, sa mémoire et ses incidences.
En attendant la suite des événements, les procureurs fédéraux laissent la fin du mois à Banco do Brasil pour répondre à une série de questions, inspirées de la pétition et du rapport rédigé par les quatorze chercheurs.
Par Louna Galtier Oriol